Point de vue | En faveur d'une gestion publique de l'espace maritime
Depuis novembre, la Commission nationale du débat public examine la planification maritime. Selon Daniel Cueff, il est crucial de lutter contre l'appropriation de la mer et des côtes par des groupes d'intérêts afin de garantir l'avenir de ces zones.
Lors de la conférence sur la mer à Nantes, un consensus s'est formé pour reconnaître que la France est non seulement une puissance terrestre, mais aussi une puissance en mer grâce à sa présence sur tous les océans du monde. En effet, notre pays possède le deuxième plus grand espace maritime au monde, après les États-Unis, avec près de 11 millions de kilomètres carrés, soit 20 fois la taille de notre territoire hexagonal. Par conséquent, la France a une légitimité pour jouer un rôle important dans les négociations internationales sur l'avenir des océans.
Actuellement, le gouvernement français organise un débat important sur l'aménagement de notre côte française, sa cartographie et la gestion des activités qui s'y déroulent. Ces activités ont toujours été gérées de manière harmonieuse.
Cependant, il y a actuellement des vents contraires très forts qui soufflent. Si l'on ne fait pas attention, ils pourraient entraîner une privatisation progressive de l'espace maritime en créant des zones réservées à certaines utilisations.
Utilisation de l'océan
La première forme de privatisation est initiée par des organisations non gouvernementales anglo-saxonnes qui cherchent à protéger la biodiversité en interdisant la pêche. Ensuite, il y a la création de zones entières réservées uniquement à la production d'énergie offshore, excluant toute autre activité humaine. Enfin, la privatisation se fait également par l'appropriation foncière des zones maritimes, ce qui éloigne les populations locales.
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En fin de compte, l'enjeu consiste pour divers groupes aux intérêts parfois contradictoires à revendiquer l'utilisation de l'espace marin. Cependant, en cherchant à exclure l'Homme de la nature, une vision radicale et non humaniste de l'écologie gagne progressivement du terrain, même au sein des instances politiques les plus élevées, qui sont animées par la volonté de créer des zones de protection dites "fortes" voire "strictes".
Il est indéniable que certaines activités humaines doivent être réglementées de manière stricte car elles ont un impact négatif sur les écosystèmes naturels. Cependant, une approche maximaliste de l'écologie ne peut pas être considérée comme une réponse crédible à ces abus. Au contraire, il est temps de repenser la gestion des espaces maritimes en mettant l'accent sur une gouvernance publique basée sur le contrôle démocratique plutôt que sur une gouvernance fragmentée déléguée à des tiers, même bien intentionnés.
La coexistence pacifique
Il existe de nombreux exemples à promouvoir, comme celui du Parc marin de la mer d'Iroise situé au large de Brest. La volonté commune de préserver l'intégrité de cet espace exceptionnel en termes de diversité biologique a conduit tous les "utilisateurs" à se regrouper autour d'une équipe scientifique au sein d'une organisation présidée par les élus et gérée par l'Office français de la biodiversité (OFB). Après 15 années d'efforts, toutes les activités ont été maintenues, mais elles ont toutes été révisées dans leurs procédures : la culture des algues à Ouessant et Molène, le tourisme, la restauration des ressources halieutiques…
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La gestion publique des activités maritimes est une barrière solide contre la tendance mondiale à la privatisation des espaces marins. Le débat qui va être lancé sur l'ensemble de notre côte française doit clairement mettre en avant cette question de gouvernance. Cependant, le gouvernement, sans même attendre les conclusions du débat qu'il a lui-même lancé, attribue déjà la gestion exclusive des Sept-Iles, des zones maritimes bretonnes riches en biodiversité, à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). C'est exactement ce qu'il ne fallait pas faire…
Nous espérons donc que lors de ce débat national, une attention particulière sera accordée aux questions relatives à la gestion publique de l'utilisation de l'espace maritime, en mettant en avant le rôle de l'Homme dans la nature, aussi bien en mer que sur terre.
Daniel Cueff occupe le poste de vice-président de la Région Bretagne en charge des affaires maritimes et cô
Daniel Cueff est
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