Dans son livre intitulé "Allemagne, année zéro", Harald Jähner relate les événements qui ont suivi le mois de mai 1945 en Allemagne, où le pays se remet sur pied après la destruction. C'est une histoire fascinante sur ce nouveau départ.
Par Guillaume de Calignon
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C'est une période peu connue des Européens. À l'époque, il y avait peu de sympathie envers nos voisins. Après les atrocités nazies, les millions de morts et les camps de concentration, l'Allemagne coupable tente de se reconstruire à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Harald Jähner, un journaliste, se penche sur cette décennie qui ressemble à un "temps des loups", une période où les hommes se comportent comme des loups envers leurs semblables.
Tout est en ruines : le gouvernement, l'administration et les maisons. Le pays est dévasté. Des millions de réfugiés affamés traversent le pays. Les alliés sont méfiants envers une population qui a soutenu activement la politique d'Hitler. Les troupes soviétiques, ayant été témoins de l'horreur, se vengent à l'Est. Malgré tout cela, l'Allemagne se redressera.
Harald Jähner décrit de manière sensible et intelligente la situation. Il parle du désordre, du nettoyage des villes bombardées, ainsi que de l'accueil plus ou moins favorable des réfugiés allemands venus des territoires polonais, qui sont maintenant sans patrie. Il mentionne également le marché noir et la nouvelle monnaie, ainsi que les cigarettes Lucky Strike.
L'écrivain se concentre sur les obstacles auxquels font face les hommes qui sont revenus de la guerre sans succès et qui ont du mal à trouver leur place dans la société. Il raconte comment une nouvelle liberté a émergé dans une société qui a tout perdu ou presque. Il examine l'entrée dans la guerre froide, l'émergence de l'art contemporain, du design et de l'américanisation dans les années 1950. Il ne cache jamais la culpabilité de son peuple, que les gens n'ont pas reconnue à l'époque. Et c'est là où réside le "miracle" de cette période. La guerre civile a été évitée grâce à un refus de reconnaître la responsabilité des Allemands dans la Shoah. Sans ce "refoulement", la situation aurait empiré. "L'oubli était l'utopie du moment", écrit Harald Jähner. Ce n'est que lorsque la génération suivante, celle de 1968, a demandé des comptes à ses parents que le processus de dénazification a vraiment progressé.
Les migrants
Environ douze millions et demi de personnes étaient chassées des territoires de l'Est et traversaient l'Allemagne en formant de grands ou petits groupes. Ils traversaient souvent des régions inconnues où ils étaient clairement informés qu'ils n'étaient pas les bienvenus.
Une vie renouvelée
Malgré les difficultés rencontrées au quotidien dans les décombres, cela n'a pas entamé l'énergie qui était présente en abondance. Au contraire, le sentiment d'avoir échappé à la catastrophe et d'entrer dans un futur incertain a intensifié la vie. Beaucoup ne vivaient que pour le présent.
Le phénomène de suppression
« Les termes exagérés qui mettaient la souffrance des Allemands bien au-dessus de celle des autres peuples circulaient abondamment dans les journaux […]. On peut dire ici qu'il y avait une suppression au sens propre du terme : les auteurs se plaisaient dans l'excès de la souffrance et en prenaient tellement de place qu'il n'y en avait plus pour les vraies victimes. »
Titre: L'époque des loups. L'Allemagne et sa population (1945-1955)
Analyse
par Harald Jähner. Publié par les Editions Actes Sud, cet essai compte 362 pages et est disponible au prix de 24,90 euros.
Guillaume de Calignon
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