Point de vue | Les banques centrales doivent également se préoccuper de la biodiversité
Alors que la sensibilisation au changement climatique s'est améliorée, les menaces liées à la perte de biodiversité ne reçoivent pas autant d'attention. Pour garantir la stabilité financière, les banques centrales doivent prendre en compte à la fois les risques liés au changement climatique et à la biodiversité, selon Emmanuelle Assouan.
Écrit par Emmanuelle Assouan, qui occupe le poste de directrice générale de la stabilité financière à la Banque de France.
Les experts en sciences sont tous d'accord pour dire que la nature est en train de subir une détérioration sans précédent, incluant la perte de biodiversité ainsi que des éléments non vivants tels que l'eau et le climat. Cette dégradation se manifeste par l'atteinte rapide de points de bascule écologiques irréversibles, comme la déforestation de l'Amazonie.
La détérioration de l'environnement présente un risque, y compris du point de vue de l'économie et des finances : de nombreuses activités humaines dépendent des services offerts par la nature, tels que la pollinisation, la régulation du climat, l'approvisionnement en nourriture et en matières premières.
La détérioration de l'environnement pourrait avoir un impact sur la plupart des industries en augmentant les coûts des matières premières ou en perturbant les chaînes d'approvisionnement. Ces risques touchent un large éventail de secteurs économiques, et pas seulement l'agriculture.
Les sociétés jouent également un rôle dans la détérioration des environnements naturels dont elles ont besoin. Afin de les préserver, les entreprises doivent se conformer à des règles environnementales de plus en plus strictes et se prémunir contre les risques liés à la transition.
La relation entre la finance et la nature
En investissant dans des entreprises vulnérables aux risques environnementaux, le secteur financier devient lui-même vulnérable. D'après une recherche réalisée par la Banque de France en 2021, 42% des actions et obligations détenues par des institutions financières françaises proviennent d'entreprises fortement dépendantes d'au moins un service fourni par les écosystèmes.
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Il est donc essentiel pour les superviseurs de comprendre la manière dont ces risques se propagent dans le système financier. En France, les départements les plus exposés à des risques physiques pourraient voir leur sinistralité augmenter de cinq à six fois, ce qui aurait un impact direct sur la capacité des emprunteurs à rembourser et des risques de propagation dans l'ensemble du système financier.
Améliorer la représentation économique
La Banque de France a commencé à explorer comment les activités économiques sont liées à l'environnement. Elle continue à travailler sur la création de différents scénarios pour évaluer les risques et comprendre les conséquences à venir.
Cela signifie qu'il est important d'inclure la nature comme un élément essentiel de la modélisation économique, en la considérant comme un facteur de production unique qui ne peut pas être facilement remplacé par le travail ou le capital. En tant qu'investisseur responsable, la Banque de France prend également en compte l'impact de la biodiversité des portefeuilles qu'elle gère pour son propre compte.
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À l'échelle mondiale, un groupe d'experts sur les risques environnementaux a publié un document décrivant les risques liés à la nature. Ce document fournit une définition des risques économiques et financiers associés à l'environnement, ainsi que des outils pour les évaluer et prendre des mesures appropriées.
Il est important que les banques centrales prennent des mesures pour agir. Cependant, il est également primordial que tous les acteurs de l'économie réelle et du système financier prennent conscience des risques liés à l'environnement et prennent des mesures pour s'en protéger afin de construire un système économique et financier résilient.
Emmanuelle Assouan occupe le poste de coprésidente du NGFS (Réseau pour la verdissement du système financier) chargée de la question de la perte de biodiversité, et elle est également directrice générale de la stabilité financière à la Banque de France.
Emmanuelle Assouan
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