Adieu au modèle économique macroniste
Il est peu probable que les décisions économiques prises depuis 2017 soient reproduites par le futur gouvernement élu après les élections législatives. C'est regrettable.
Écrit par Dominique SEUX
Les personnes joueuses – on en trouve partout ! – vont observer ce mardi soir combien de fois Gabriel Attal mentionnera Emmanuel Macron, lors du débat contre Jordan Bardella (RN) et Manuel Bompard (LFI) sur TF1. En tant que leader de la majorité pour ces élections législatives, le Premier ministre a clairement pris ses distances avec le président. Il lance aux Français : "Il m'a nommé, maintenant choisissez-moi".
Les dés continueront à être lancés, mais il est certain que la politique économique mise en place par Emmanuel Macron depuis 2017 est terminée. En effet, il semble peu probable que son camp remporte la victoire. De plus, le projet du Rassemblement National, s'il est élu, s'éloigne de certains aspects tels que les retraites, la taxation des actifs financiers et l'Europe. Enfin, le projet de la gauche unie est complètement différent.
L'idée d'une chambre difficile à gouverner et d'une majorité fragile à former aurait également peu de chances de maintenir la politique économique mise en place depuis 7 ans. Un exemple concret est l'annonce de la publication d'un décret durcissant les règles d'assurance-chômage, qui pourrait être utilisé comme une monnaie d'échange avec la gauche modérée après les élections.
De 2014 à 2024, une nouvelle décennie commence
De 2014 à 2024, une décennie de politique économique favorable aux entreprises touche à sa fin. Initiée par François Hollande et renforcée par Emmanuel Macron, cette politique a consisté à diminuer les charges sociales et les impôts des entreprises, à encourager les investissements étrangers (comme lors de l'événement Choose France à Versailles), et à réformer le système éducatif notamment par le biais de l'apprentissage.
Quels sont les effets de ces résultats ? La question de savoir si les 2 347 000 emplois créés au cours de la dernière décennie (selon l'Insee), avec un taux de chômage ramené à 7,5 % de la population active, sont le résultat des choix économiques effectués peut être débattue indéfiniment. Ou s'ils sont similaires à ce qui s'est produit dans d'autres pays européens. On peut également considérer que les mesures de protection mises en place pour les revenus pendant la pandémie de Covid-19 ont été trop coûteuses.
Cependant, il est facile d'imaginer qui aurait été blâmé si le taux de chômage était resté élevé, comme cela a souvent été le cas en France par le passé. De même, on peut supposer les critiques qui auraient été formulées si le taux de pauvreté avait connu une forte augmentation il y a trois ans. Si l'on met de côté le problème de la dette, on pourrait considérer que le bilan économique du président est plutôt satisfaisant. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le pouvoir d'achat s'est maintenu de manière générale.
La question de la dette est souvent négligée dans la politique économique du macronisme. On a pensé que la création d'emplois suffirait à rétablir l'équilibre des comptes publics. Cependant, cela aurait été possible si les Gilets Jaunes, la crise du Covid et l'augmentation des prix de l'énergie n'étaient pas survenus. Il est ironique d'entendre des critiques dans ce domaine de la part de ceux qui réclament constamment une augmentation des dépenses publiques.
Emmanuel Macron et Lionel Jospin ont tous deux été éliminés malgré une amélioration significative de l'emploi, en raison d'une surestimation de l'importance de l'économie par rapport à la sécurité et à l'autorité. Les réponses simplistes ont pris le dessus, blâmant l'immigration pour le RN et les riches pour le projet de la gauche. L'expression "It's the economy stupid!" ne s'applique pas dans ces cas.
Dominique Seux
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