En Europe, il semble que les habitants se réveillent après une longue période d'inactivité, en raison de la guerre en Ukraine. Il y a beaucoup à faire pour éviter le déclin actuel du Vieux Continent.
Écrit par André Loesekrug-Pietri, qui est le directeur de la Joint European Disruptive Initiative (JEDI), également connue comme l'ARPA européenne.
Selon le Premier ministre polonais, Donald Tusk, au printemps 2024, nous sommes maintenant dans une période qui ressemble à celle avant la guerre. Les déclarations choc des chefs d'état-major suédois, britanniques et néerlandais, ainsi que le soutien sans limites du président français, Emmanuel Macron, ont pour but de faire réagir les gens. Les Européens semblent enfin sortir d'une longue période d'inaction qui remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Durant la guerre froide, le débat était simplifié en opposant les deux grands blocs, américain et soviétique, représentés respectivement par l'Otan et le pacte de Varsovie. L'Europe a pu s'épanouir sous la protection américaine et espérait un monde où le commerce favoriserait l'harmonie entre les pays. La chute de l'URSS a marqué le début d'une période de paix pour les Européens, à l'exception des conflits dans les Balkans, qui étaient souvent menés à distance par des forces expéditionnaires de manière asymétrique, y compris contre les groupes terroristes armés.
La récente invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022 a ramené brutalement les Européens à la réalité de la guerre. Ce n'est pas comme les conflits lointains suivis à la télévision, mais plutôt une guerre interétatique d'invasion rappelant les horreurs des conflits mondiaux du XXe siècle. Cette guerre peut déclencher un conflit à grande échelle et se déroule sur tous les fronts.
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Il est devenu évident aujourd'hui que la domination prolongée par les pays occidentaux a intensifié les frustrations et le désir de vengeance des pays en développement, qui ont été exploités en tant que moyens de pouvoir en raison de leur population, de leur industrie ou de leurs ressources naturelles. Cette division a tout d'abord émergé en Chine et en Russie, qui ont été les premières à remettre en question l'ordre établi, encourageant ainsi d'autres puissances émergentes à suivre leur exemple et à profiter grandement de la mondialisation. La pandémie de Covid-19 a exacerbé les tensions et a contribué à fragmenter davantage le monde en un Nord affaibli par le premier mandat de Donald Trump et un Sud global qui a vu des années de développement s'effacer et qui ressent de plus en plus un sentiment de double standard, notamment en ce qui concerne les conflits et les vaccins.
Les changements majeurs survenus au cours des vingt dernières années ont eu un impact significatif sur l'Europe, entraînant une diminution importante de sa puissance économique mondiale, désormais inférieure de 30% à celle des États-Unis par habitant. La position technologique de l'Europe a également souffert d'un retard généralisé, tout comme sa capacité militaire qui a vu ses budgets diminuer continuellement au cours des deux dernières décennies. En conséquence, les armées européennes sont désormais bien loin de leur niveau précédent et sont incapables de faire face à un conflit de haute intensité.
Division de la société
Dans les grandes démocraties occidentales, la division de la société continue de progresser. Les problèmes majeurs incluent une baisse du niveau d'éducation, en particulier dans le domaine scientifique, une polarisation croissante et un appauvrissement des débats sociaux et politiques en raison de l'influence des réseaux sociaux, ainsi qu'une technocratisation croissante qui ne produit pas de résultats concrets, comme c'est le cas avec les politiques environnementales. La démocratie représentative, qui attire moins les individus les plus compétents qu'auparavant, n'a pas encore trouvé sa place dans le monde numérique. Les réseaux sociaux rendent difficile la construction d'une identité nationale et compliquent la projection à une échelle plus large, telle que l'Europe, pourtant nécessaire dans des domaines tels que l'économie, la technologie ou la géopolitique. De plus, ils ne valorisent pas les initiatives à long terme, comme la recherche ou l'éducation.
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En 2050, nous sommes confrontés à une génération qui tarde à prendre conscience d'un déclassement généralisé, malgré les appels à l'action qui manquent de propositions concrètes et cohérentes. Certains pays européens semblent satisfaits de la situation actuelle, tandis que d'autres, notamment ceux de l'est de l'Europe et les Etats-Unis, expriment leur frustration face au manque d'investissement en matière de sécurité de la part du Vieux Continent. Les Français, quant à eux, sont souvent critiqués pour leur remise en question de l'Otan et leurs prétentions à donner des leçons.
En France, on a du mal à réaliser que les appels à la mobilisation ne suffisent pas sans propositions concrètes et un réel engagement à suivre. Pour réussir, il faut que la France embarque ses partenaires dans un projet commun, avec une vision stratégique pour l'avenir de la sécurité et de la défense en Europe. L'enjeu est crucial pour assurer la survie ou la disparition progressive d'ici 2050.
André Loesekrug-Pietri occupe les postes de président et de directeur scientifique de la Joint European Disruptive Initiative (Jedi).
Le nom de la personne est André Loesekrug-Pietri.
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