Point de vue | Pour une transformation radicale de l'industrie automobile électrique en Europe
Selon Jean-Michel Pinto, il est temps de se concentrer sur la manière de réussir la transition vers la voiture électrique et de construire une industrie automobile européenne forte et indépendante, plutôt que de débattre de son soutien ou de son opposition. Cependant, ce défi est loin d'être facile à relever.
Ces derniers mois, le contexte politique et économique en Europe a ravivé les discussions sur le passage aux véhicules électriques. La décision d'interdire la vente de nouveaux véhicules à moteur thermique dans l'Union européenne à partir de 2035 suscite de nombreuses critiques variées.
Alors que certaines personnes remettent en question l'importance d'utiliser des moyens de transport à faible émission de carbone, d'autres pensent que les voitures électriques pourraient être tout aussi, voire plus polluantes que les voitures à essence, en particulier en ce qui concerne les émissions liées à leur fabrication.
Développer une industrie nationale forte
Les remises en question fréquentes, souvent sans fondement, limitent l'Union européenne à un débat sur l'acceptation ou le rejet des voitures électriques, en ignorant les besoins industriels et environnementaux actuels.
Avec la rapidité croissante de l'avancée technologique, les défis industriels en jeu et l'urgence du changement climatique, la question n'est plus de débattre pour ou contre l'adoption des voitures électriques.
De nos jours, la principale préoccupation est de savoir comment réussir cette révolution technologique en développant une industrie européenne forte et autonome dans le domaine des véhicules électriques. Ce changement de modèle est devenu indispensable pour la France et l'Union européenne, notamment pour trois raisons.
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En ce qui concerne l'impact sur l'environnement, il est essentiel de noter que bien que les véhicules électriques émettent plus de carbone que les véhicules thermiques lors de leur fabrication, ils émettent beaucoup moins lors de leur utilisation. Une analyse des émissions sur toute la durée de vie des véhicules montre que les véhicules électriques émettent en moyenne 50 à 70 % de CO2 de moins que les véhicules thermiques équivalents. Actuellement, les transports représentent un quart des émissions totales de CO2 de l'Union européenne, dont plus de 70 % proviennent du transport routier. En passant à la technologie de propulsion électrique, nous pourrions donc considérablement réduire nos émissions.
Sur le plan industriel, la France et l'Union européenne ont pris du retard par rapport à la Chine et aux Etats-Unis dans la course à la production de batteries. Ce retard industriel et technologique nous rend aujourd'hui dépendants des importations étrangères, ce qui compromet notre autonomie. Reporter la transition vers les véhicules électriques ne fera qu'aggraver cette dépendance et fragiliser davantage l'industrie automobile européenne, en retardant les investissements nécessaires dans les technologies électriques, l'électronique et le logiciel embarqué.
Un point important à souligner en ce qui concerne la souveraineté est que l'industrie automobile est un pilier économique du Vieux Continent. Actuellement, le secteur automobile représente 7 % de la valeur ajoutée brute de l'Union européenne. Si l'on permet à la Chine et aux États-Unis de prendre le contrôle de ce marché crucial pour l'économie et la souveraineté de l'Union européenne, cela entraînerait la disparition de nombreux emplois et une désindustrialisation rapide ayant des conséquences majeures sur la prospérité du continent.
Il est crucial de dépasser le débat simpliste autour de l'adoption ou du rejet de la voiture électrique et d'engager une réflexion plus large qui va au-delà des questions de réglementation. Afin de rivaliser avec les investissements importants des Etats-Unis et de la Chine, l'Union européenne doit prendre des mesures audacieuses pour soutenir l'industrie automobile électrique.
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En dehors de la lutte pour établir des normes, cette réponse ambitieuse devrait aider l'Europe à améliorer sa capacité d'innovation, à développer et à maintenir des moyens de production importants sur son territoire, en s'appuyant sur une plus grande compétitivité, en particulier grâce à un accès plus facile à une énergie propre et à des matériaux recyclés.
Le succès de la réaction de l'Europe dépendra de la capacité des autorités publiques à trouver un juste équilibre entre régulation, planification et incitation, afin de stimuler de manière efficace les efforts au sein du continent européen.
Jean-Michel Pinto travaille en tant qu'associé chez Deloitte.
Le nom de la personne est Jean-Michel
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