Dans la région du Proche-Orient, la haine est un poison qui menace la paix. Jusqu'à présent, une guerre régionale totale a été évitée grâce à l'action prévoyante de l'administration américaine, mais il est impossible pour elle d'imposer la paix.
Écrit par Dominique Moïsi, un expert en géopolitique et conseiller spécial à l'Institut Montaigne.
Depuis quelques semaines, il semble y avoir une escalade contrôlée entre Israël et le Hezbollah (et par extension l'Iran) au Proche-Orient. Il n'y a ni avancée vers un cessez-le-feu à Gaza, ni une poussée vers une guerre régionale totale. Malgré le comportement apparemment réfléchi des principaux protagonistes, il est difficile de se sentir rassuré.
En ce moment, le conflit revient à ses racines. C'est la première fois depuis la fin de la seconde intifada que l'armée israélienne mène des opérations massives en Cisjordanie. Des centaines de soldats ont été envoyés simultanément dans plusieurs camps de réfugiés et villes comme Jénine, Naplouse et Tulkarem.
Israël a favorisé le Hamas afin de diminuer le pouvoir de l'Autorité palestinienne, et cela a été une réussite trop efficace.
D'un côté, il y a une solidarité envers Gaza, et de l'autre, il y a des provocations de la part des colons israéliens, rendant la situation de ces villes de plus en plus difficile à contrôler. Le Hamas, qui est affaibli à Gaza, semble-t-il renaître en Cisjordanie ? Est-ce qu'il tire profit de son image de "résistant", qui contraste fortement avec le discrédit de l'Autorité palestinienne ? L'Etat d'Israël avait soutenu le Hamas pour affaiblir l'Autorité palestinienne, et cela a été un succès trop important.
En s'étendant et en devenant plus intense, le conflit de Gaza a conduit à l'ouverture d'un nouveau front, plus préoccupant car situé plus près de Tel-Aviv et de Jérusalem. De plus, ce front est fortement marqué par des émotions historiques et religieuses.
Israël se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale. Il est peu probable que la Cisjordanie devienne un nouveau Gaza. Contrairement à Gaza, la Cisjordanie n'est pas une prison à ciel ouvert. Cependant, l'exemple de Gaza, avec ses ruines et ses victimes, a un effet dissuasif sur les Palestiniens de Cisjordanie. Malgré tout, le pire scénario continue de se dérouler lentement mais sûrement.
Dans la région au nord, où Israël et le Hezbollah sont engagés dans un processus d'escalade contrôlée, la logique prédomine.
La haine se propage des deux côtés, et les services de renseignement d'Israël sont capables de réaliser des prouesses. Comme cela s'est produit le 5 juin 1967 au début de la guerre des Six Jours, ils peuvent mener des attaques préventives très efficaces contre le Hezbollah au Liban.
Peut-être trouver et sauver un otage vivant caché dans un tunnel à Gaza. Cependant, malgré ces actions héroïques, Israël reste de plus en plus isolé sur la scène internationale. Il est de plus en plus difficile pour Israël de maintenir son image de "victime" et risque de passer de ce statut à celui de "bourreau".
Une forme de gestion raisonnée se manifeste sur le front nord, où Israël et le Hezbollah sont engagés dans un processus d'escalade contrôlée. Malgré les récents affrontements qui ont eu lieu le week-end dernier, ces événements sont parmi les plus importants que la région ait connus depuis l'été 2006.
En une opération préventive impressionnante, environ cent avions israéliens ont détruit un grand nombre de missiles et de drones qui étaient prêts à être utilisés contre Israël en représailles à l'assassinat d'un important chef militaire du Hezbollah à Beyrouth il y a un mois.
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Plus de trois cents engins destructeurs ont été envoyés du Liban vers Israël. Malgré les images de violence, il y a une réalité différente à prendre en compte. Chaque partie a montré une certaine retenue et maîtrise dans leur usage de la force. La principale raison de cela, de manière simplifiée, est l'intervention des Etats-Unis, sous la présidence de Joe Biden. Bien qu'ils n'aient pas réussi à imposer un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza, ils ont dissuadé l'Iran, le Hezbollah et Israël d'escalader la situation au nord du pays. Cependant, malgré ces efforts, la paix reste hors de portée en Cisjordanie et à Gaza.
La décision risquée de Trump de revenir au pouvoir
Une fois de plus, Benyamin Netanyahou a montré qu'il privilégiait la survie de son gouvernement plutôt que la libération des otages encore détenus. En signe de solidarité avec les prisonniers et de défiance envers le gouvernement de Jérusalem, des familles d'otages ont paisiblement pénétré à Gaza pour exprimer leur soutien et rappeler qu'elles n'avaient pas oublié leurs proches. Leur message était clair : "Restez forts".
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Netanyahou prend-il le risque que le retour de Donald Trump au pouvoir dans quelques mois lui donne un interlocuteur plus favorable à la Maison-Blanche ? Il semble se concentrer sur le court terme sans se soucier des questions éthiques ou stratégiques. Il semble indifférent aux actes qualifiés de "terroristes" commis par des colons juifs en Cisjordanie, même lorsque le chef du Shin Beth les condamne.
Il permet également les provocations répétées de son ministre Itamar Ben-Gvir, qui prône la construction d'une synagogue sur le site du Dôme du Rocher, où se trouve la mosquée Al-Aqsa. Cette situation va à l'encontre de l'accord fragile en place. En conséquence, de nombreux médecins israéliens ont décidé de quitter le pays qu'ils ne reconnaissent plus et qu'ils estiment être en train de se diriger vers l'abîme.
Des personnes ont été gravement blessées
Jusqu'à maintenant, une guerre régionale totale a été évitée au Proche-Orient grâce à l'action réfléchie de l'administration américaine, mais cela ne signifie pas que tout est résolu. La situation dans la région est très instable, comme un volcan en éruption.
Les images impressionnantes de la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques à Paris évoquent immédiatement la réalité des conflits au Proche-Orient (ou en Ukraine). D'un côté, un message fort d'inclusion, de compassion et de respect envers ces athlètes qui surmontent leur handicap et changent les perceptions de la société et d'eux-mêmes. De l'autre côté, la violence et l'inhumanité de la guerre sont rappelées, laissant derrière elles des milliers de corps mutilés pour toujours pour ceux qui survivent.
Personnalité publique: Domin
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