La priorité est d'éviter une crise de la dette. Agir rapidement et de manière décisive sera nécessaire pour éviter un déficit de 6 % en 2025, avertit Agnès Verdier-Molinié. Il est important de reconnaître la réalité de la situation pour éviter une crise de la dette.
Écrit par Agnès Verdier-Molinié, qui est directrice de l'iFRAP et contribue en tant que chroniqueuse aux « Echos ».
Une fois de plus, le problème du déficit plane sur la discussion publique. On sent venir une crise de la dette. Le déficit de la France en 2024 s'élève à 5,6 % du PIB. Nous étions conscients que nous serions en bas de classement dans la zone euro, mais cette annonce est vraiment alarmante. À la fin du mois de juillet, l'État affiche déjà un déficit budgétaire de 156 milliards. Les autorités de Bercy étaient déjà au courant depuis un mois.
Cependant, il a été dit que le budget de 2024 serait sous-exécuté. Mais à présent, il semble que nos finances publiques se dirigent vers une catastrophe. Est-ce principalement dû à un dépassement de 16 milliards d'euros sur les dépenses liées aux transports et aux lycées ?
Le ministère des finances prévoit que le déficit des collectivités locales va presque doubler. En ce qui concerne les recettes, la situation n'est pas meilleure. Le budget de 2024 avait été approuvé avec une croissance de 1,4 % alors qu'elle est estimée autour de 1 %. Cela signifie donc qu'il y aura beaucoup moins de recettes provenant des prélèvements obligatoires.
En ce qui concerne les recettes fiscales, il était prévu des augmentations significatives par rapport à l'année 2023. Une augmentation de 15,4 milliards d'euros était anticipée pour l'impôt sur les sociétés, avec des recettes prévues de 72,2 milliards d'euros pour 2024. De plus, une hausse de 5,6 milliards d'euros était prévue pour l'impôt sur le revenu, avec des recettes estimées à 94,1 milliards d'euros.
Il est estimé que le manque à gagner sur ces deux impôts pourrait dépasser les 15 milliards. En se basant sur les données budgétaires mensuelles de l'État jusqu'à fin juillet, on peut estimer les recettes à fin décembre. Il est possible que nous terminions l'année avec 90 milliards de recettes sur l'impôt sur le revenu et 60 milliards sur l'impôt sur les sociétés. Cela représente un manque à gagner de 4 milliards sur l'impôt sur le revenu et de 12 milliards sur l'impôt sur les sociétés.
En outre, en comparant les montants des taxes initialement votées pour l'année 2024 à l'automne 2023 et ceux prévus dans le programme de stabilité d'avril dernier pour la même année, on constate une différence d'au moins 24 milliards, avec des recettes de taxes obligatoires s'élevant à 1.268 milliards au lieu de 1.292 milliards. Il est regrettable que le programme de stabilité ne fournisse pas les détails des recettes par type d'impôt.
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L'équipe du Premier ministre Gabriel Attal et Bercy ont élaboré un budget pour 2025 appelé "réversible" ou "zéro valeur". Ce budget plafonne toutes les dépenses de l'État à 492 milliards d'euros, ce qui correspond au montant voté pour 2024 dans la loi de finances initiale. Cependant, il y a des incertitudes concernant les dépenses locales et sociales. Pour la première fois depuis le début de la Ve République, le gouvernement envisage de ne pas respecter la loi en ne transmettant pas le budget au Parlement avant le 1er octobre. Nous sommes dans une situation budgétaire inédite.
Est-ce que le budget réversible permettra de réaliser des économies ? Matignon affirme qu'au moins 10 milliards d'euros pourraient être économisés. Un gel des dépenses de l'État de 15 milliards d'euros a été décidé en urgence, et il est possible qu'il soit prolongé jusqu'en 2025. Pour éviter un déficit de 6% en 2025, il est nécessaire de mettre en place des mesures strictes telles qu'un gel des aides sociales en 2024, un report de l'indexation des pensions, un gel des rémunérations publiques et une lutte contre l'absentéisme dans les administrations. Il est crucial d'agir rapidement pour éviter une crise de la dette. Il est temps d'arrêter de nier la réalité et de prendre toutes les mesures possibles pour éviter cette crise.
Agnès Verdier-Molinié occupe le poste de directrice au sein de la Fondation Ifrap.
Agnès Verdier Molinié est une personne connue
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