Vers un nouveau ajustement macroéconomique
L'objectif de notre politique économique est de rechercher un nouvel ajustement entre les salaires, la protection sociale et la fiscalité. Cela nécessite une répartition plus juste entre les salaires bas et les salaires élevés pour parvenir à cet équilibre.
Écrit par Jean-Hervé Lorenzi, qui est chroniqueur et président du Cercle des économistes, ainsi qu'Alain Villemeur, directeur de recherche à la chaire Transitions économiques, transitions démographiques de Paris-Dauphine.
L'absence de profondeur dans le débat économique de notre pays est indéniable. Malgré les nombreuses opportunités offertes, comme les élections européennes, législatives et les discussions actuelles sur la formation d'un nouveau gouvernement.
Il est important de ne pas rejeter rapidement les propositions des autres. La question de la faiblesse des salaires bas est cruciale, mais certains ne considèrent que la demande, sans tenir compte de la capacité à y répondre ou de l'importance des importations dans la consommation. D'un autre côté, certains se félicitent d'une politique axée sur l'offre, de la reprise de l'attrait économique, et de la création d'emplois récente, sans tenir compte du pouvoir d'achat et de l'impact de l'inflation post-Covid. Pourtant, une croissance stable et significative ne peut être atteinte qu'avec un équilibre entre l'offre et la demande.
En outre, il est nécessaire de faire des investissements importants pour améliorer la productivité. Ces actions sont largement reconnues, mais nos leaders politiques semblent ne pas en être conscients.
Distribution
Il serait bénéfique pour eux de se plonger à nouveau dans les écrits de Nicholas Kaldor, un économiste anglais considéré comme l'un des plus importants du XXe siècle et conseiller de gouvernements travaillistes. C'est lui qui a le mieux expliqué la relation cruciale entre l'offre et la demande et a souligné que la répartition des bénéfices et des salaires est essentielle pour assurer une croissance économique durable.
Consultez également:
PODCAST – Est-il nécessaire d'imposer les profits exceptionnels pour combler les déficits ?
En approchant du pouvoir, le parti travailliste s'engage à revitaliser l'économie britannique sans augmenter les taxes.
Cette idée n'est pas seulement une théorie, car elle a été mise en pratique par Henry Ford avec son concept de "cinq dollars par jour" et sa philosophie selon laquelle "mes employés sont mes clients". Aujourd'hui, cette idée novatrice est incarnée par la proposition de "salaire décent" de Florent Menegaux, président du Groupe Michelin.
Nous avons examiné la répartition idéale des revenus en analysant 17 économies avancées, concluant qu'un tiers devrait aller aux profits et deux tiers aux salaires. En ce qui concerne la France, notre répartition semble être équilibrée en moyenne depuis plus de vingt ans. Cependant, les grandes entreprises réalisent davantage de bénéfices tandis que les ETI et PME en font moins. Il est donc important pour toute politique économique de se concentrer sur ces dernières, car ce sont elles qui créent des emplois.
Le paysage des salaires évolue
La réalité des salaires est complexe, car une petite partie des travailleurs bénéficie de revenus élevés, de bonus importants, et de divers avantages comme des stock-options ou des actions gratuites, surtout dans le secteur financier. Ces hauts revenus peuvent être considérés comme du profit et de la rente, car ils favorisent l'épargne et les investissements au détriment de la consommation. Il est possible que les 0,5% des salaires les plus élevés déplacent la répartition des revenus de 2 à 3% en faveur du profit, ce qui perturbe l'équilibre souhaité.
Consultez également :
STATISTIQUES – Les hausses de salaires ralentissent en 2024, mais restent supérieures à l'augmentation des prix.
Chiffres à l'appui, l'économie française a maintenu une croissance stable jusqu'à la fin de l'année 2023.
Il est évident que la disparité entre les revenus très élevés et les salaires bas n'est pas viable à long terme. Ainsi, l'objectif principal de la politique économique actuelle est de rechercher un nouvel équilibre entre les salaires, la protection sociale et la fiscalité. Ces trois éléments sont interdépendants et ne peuvent être traités individuellement.
Il est important de considérer les augmentations de salaire pour les travailleurs les moins bien rémunérés, mais il est tout aussi crucial de réfléchir à la manière dont le marché du travail évolue et de mettre en place une fiscalité qui encourage les investissements importants à venir. Cela permettra de promouvoir un capitalisme plus éthique. Il est nécessaire d'établir un nouvel équilibre macroéconomique favorisant une croissance solide et stable en ajustant tous les paramètres de manière à garantir à la fois la justice et l'efficacité.
Jean-Hervé Lorenzi occupe le poste de président des Rencontres économiques qui se tiennent à Aix-en-Provence.
Alain Villemeur occupe le poste de directeur scientifique à la chaire intitulée "Transitions démographiques, transitions économiques".
Les personnes impliquées sont Jean-Hervé Lorenzi et Alain Villemeur.
Découvrez les avantages de l'abonnement Premium pour les entreprises !
Nos Vidéos
Comment The Family a contribué à l'émergence de la start-up nation
Qui profite réellement des paris sportifs en ligne ?
Les pays du Club Med, à savoir le Portugal, l'Espagne et la Grèce, retrouvent-ils leur position dominante ?
Les jeunes rencontrent-ils des difficultés avec le monde du travail ?
Les articles les plus populaires
La résilience de l'économie russe face à une guerre prolongée et incertaine
La crédibilité de la France en matière de budget remise en question
Les responsabilités et la culpabilité en question
En première page
Les options disponibles pour le prochain gouvernement afin de maîtriser le déficit budgétaire
Edouard Philippe se lance dans la course à la présidentielle en pleine crise politique
Les défis de l'option Xavier Bertrand à Matignon face aux rapports de force à l'Assemblée nationale
Analyses & Points de vue
Vers un nouvel équilibre macroéconomique
Priorité à la prévention de la crise de la dette
Les raisons derrière l'augmentation du SMIC à 1.600 euros…
Informations pratiques
P
L'Ensemble
Tous les droits sont réservés par Les Echos en 2024.
