Il est temps de mettre un terme à l'inertie du système de santé. Malgré son coût élevé, il n'est pas efficace. Les politiciens sont paralysés et préfèrent prendre des mesures insignifiantes de peur de provoquer des réactions corporatistes. Il est nécessaire d'avoir le courage de mettre en place une réforme profonde, selon Guy Vallancien.
Écrit par Guy Vallancien qui est membre de l'Académie de médecine.
Plutôt que de simples ajustements mineurs, il est essentiel que les autorités publiques encouragent une transformation profonde de notre système de santé. En évitant de mécontenter qui que ce soit, il est impossible de modifier les méthodes d'intervention et les institutions responsables de la prévention, des soins et de la réadaptation, qui sont les trois piliers d'un système de santé efficace pour répondre aux besoins de la population.
Centré principalement sur les soins de santé, notre système inefficace coûte excessivement cher pour des résultats peu satisfaisants. En comparaison, la Suède, qui est mieux organisée, ne fournit que 2,1 lits d'hôpitaux pour 1 000 habitants, tandis que la France en offre 5,8 pour 1 000, soit presque trois fois plus. En conséquence, l'espérance de vie en bonne santé des Suédois est de 72 ans, contre 65 ans pour les Français. Il est clair qu'il y a une erreur quelque part.
En comparaison avec notre pays, la Suède dispose de systèmes de prévention et de soins primaires plus efficaces et mieux organisés. Les syndicats hospitaliers réclament constamment "plus de lits, plus de personnel, plus d'argent", sans remettre en question le nombre excessif d'établissements offrant des services de qualité médiocre. De leur côté, les médecins libéraux refusent de moderniser leurs pratiques en criant "ne touchez pas à ma liberté d'installation et de prescription".
Face à cette confusion, nos dirigeants politiques, paralysés, prennent des mesures timides de peur d'une réaction corporatiste. Il est cependant grand temps d'avoir le courage de mettre en place de véritables réformes dans les domaines suivants.
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En premier lieu, il est proposé de réduire le nombre d'hôpitaux en transformant plus de cent établissements qui ont un faible taux d'activité chirurgicale et obstétricale pour les rendre plus performants. Ces établissements seront maintenus, mais transformés en "Cités Santé" qui se concentreront sur la prévention primaire et secondaire, les soins courants, les petites urgences, la réhabilitation, et offriront des espaces aux associations de patients. Ils travailleront en collaboration avec des grands hôpitaux et les professionnels de santé des territoires voisins.
Ensuite, il faut mettre en place la tarification à l'activité. Contrairement à ce que disent ses détracteurs, cette méthode est bénéfique. Cependant, il est essentiel de financer les établissements de santé en se basant sur une évaluation continue de la qualité des services proposés. Est-ce que ces services sont justifiés et correctement réalisés ? Sans un tel contrôle, le risque de pratiquer des actes inutiles et parfois dangereux persiste, ce qui nuit aux patients et impacte les finances de la Sécurité sociale. Il est inacceptable de voir des variations de 1 à 5 dans la réalisation des stents cardiaques ou de la chirurgie bariatrique.
La médecine libérale est en déclin
Un point important à souligner est que la médecine libérale, défendue par certains syndicats, est en déclin. La nouvelle génération de médecins préfère généralement le salariat ou une rémunération basée sur un forfait horaire ou une capitation plutôt que sur des honoraires à l'acte. Cette tendance s'explique en partie par l'augmentation des consultations plus longues avec des patients plus âgés. Il est probable que la liberté d'installation devra être revue, comme c'est déjà le cas pour les pharmaciens et les infirmiers, pour permettre une meilleure répartition géographique en fonction des besoins de la population.
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Il est important d'intégrer les avancées technologiques de l'IA et de la robotique dans nos politiques, car elles transforment profondément les pratiques. Avec l'émergence de ces nouvelles technologies numériques et le renforcement du rôle des autres professionnels de la santé dans le diagnostic et le traitement, le modèle traditionnel basé sur les ordonnances médicales est remis en question. Par conséquent, augmenter le nombre d'étudiants en médecine n'a pas de sens, à moins de former des personnes qui risquent de se retrouver au chômage en 2040.
Guy Vallancien fait partie de l'Académie de médecine.
Guy Vallancien est un u
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