Point de vue | La nécessité d'une réforme en profondeur de l'investissement dans les secteurs privés
Les changements liés au numérique et au climat ne pourront se réaliser sans l'implication des investisseurs privés. Selon Fabio Osta, responsable de la distribution pour les marchés privés en Europe chez Blackrock, la nouvelle version des fonds européens d'investissement à long terme, appelée ELTIF 2.0, facilite ce type de financement.
Écrit par Fabio Osta
Depuis que la pandémie s'est terminée, nous sommes maintenant dans un monde où les prix et les taux d'intérêt sont en augmentation, la croissance est faible, et où des forces importantes transforment l'économie mondiale.
L'évolution vers le numérique et la réduction des émissions de carbone, le vieillissement de la population et la division géopolitique entraînent une demande croissante d'investissements, particulièrement dans les infrastructures. Après de nombreuses années où l'économie était principalement influencée par les actions des banques centrales, nous assistons désormais à un retour à une économie plus concrète.
Après de nombreuses années où les actions des banques centrales ont dominé l'économie financière, on assiste désormais au retour de l'économie réelle.
Les investisseurs privés devraient ajuster leurs portefeuilles pour inclure des actifs réels, qui offrent une diversification et une protection contre l'inflation. La classe d'actifs des actifs réels devrait prendre de l'ampleur dans les années à venir. La nouvelle version des fonds européens d'investissement à long terme, le ELTIF 2.0, pourrait révolutionner l'accès aux marchés privés.
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L'essor des investissements dans les actifs non cotés
De nouvelles stratégies d'investissement "evergreen" sont désormais disponibles avec l'enveloppe ELTIF 2.0. Ces stratégies n'ont pas de date de fin, ce qui permet aux investisseurs de rester investis à long terme dans des actifs privés. Cela évite la complexité opérationnelle des fonds fermés traditionnels, qui imposent des périodes précises pour les souscriptions, les rachats et les levées de capitaux – un processus auquel seuls les investisseurs institutionnels peuvent souvent faire face.
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Cette nouvelle structure permet aux investisseurs de récupérer leur argent à des intervalles réguliers, comme tous les six mois, trois mois ou même chaque mois. Elle permet également de conserver une partie du bénéfice potentiel des actifs non cotés qui sont moins liquides. De plus, elle offre une plus grande diversification des investissements dans des actifs privés. En alignant la procédure de tests d'adéquation des nouveaux fonds sur celle de Mifid 2, cela simplifie le processus pour les investisseurs. En élargissant le champ d'investissement à l'échelle mondiale, les investisseurs européens auront la possibilité de profiter de la croissance et des rendements plus élevés des marchés privés à l'échelle internationale.
Plus accessibles et plus adaptables
Ces changements devraient rendre les marchés non cotés plus attrayants pour un plus grand nombre d'investisseurs privés et pour le segment de la distribution en Europe. Ces investisseurs apprécient la possibilité de donner un sens à leurs investissements, en investissant dans des secteurs qui répondent à des besoins importants tels que la transition écologique ou numérique. Ils pourront désormais investir de manière plus flexible sur les marchés privés, en entrant et sortant plus facilement. Pour les distributeurs et les intermédiaires financiers, cela ouvre la porte à une offre plus étendue de fonds exposés aux marchés privés, permettant une allocation plus précise et une gestion des besoins de liquidité en combinant des actifs cotés et non cotés.
L'introduction des ELTIF 2.0, qui sont plus simples et plus flexibles, pourrait aider à répondre aux besoins importants d'investissement dans l'économie réelle que les gouvernements ne peuvent pas satisfaire seuls. On peut se réjouir des mesures de la loi Industrie Verte en France, qui encouragent les assureurs à investir une partie de leurs fonds provenant de l'assurance-vie ou d'un Plan d'Epargne Retraite dans des actifs non cotés. Selon un récent rapport de l'agence de notation Scope, les Français sont ceux qui ont le plus investi dans les ELTIF en Europe, avec un total de 4,7 milliards d'euros à la fin de 2023.
La mise en place des ELTIF 2.0, qui sont plus simples et flexibles, pourrait contribuer à combler les besoins importants en investissement dans l'économie réelle que les gouvernements ne peuvent pas satisfaire seuls.
Néanmoins, une question importante demeure : comment éduquer et guider les investisseurs finaux en matière d'illiquidité des actifs privés, de liquidité globale du portefeuille et d'intégration des actifs non cotés dans une allocation d'actifs diversifiée ? Ces questions essentielles nécessitent des réponses de la part des gestionnaires en collaboration avec les distributeurs.
Fabio Osta occupe le poste de responsable de la distribution pour les marchés privés en Europe au sein de Blackrock.
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