Selon Denis Ferrand, il est important de prendre en compte la mobilité afin de limiter les risques de précarité salariale pour tous les travailleurs.
Par Denis Ferrand (expert en économie, directeur général de l'institut de recherches Rexecode)
Au début de l'année 2023, 17,3 % des travailleurs ont été directement touchés par les augmentations du salaire minimum. C'est un pourcentage record, comparé à 12 % en 2021. Cette augmentation est due en partie aux huit augmentations successives du salaire minimum depuis janvier 2021, conformément à sa règle d'indexation sur l'inflation hors tabac et aux gains de pouvoir d'achat horaire. De plus, ces augmentations n'ont pas été pleinement répercutées sur l'ensemble de l'échelle des salaires, en particulier les échelons les plus bas.
Est-ce que la smicardisation est vraiment en cours ? En regardant rapidement en arrière, on peut en douter. Le dernier record remonte à 2005. Après l'harmonisation des garanties mensuelles de rémunération, qui ont été introduites à différentes dates pour tous les salariés du privé passant aux 35 heures, 16,3 % d'entre eux avaient été touchés par la revalorisation du SMIC, contre 12,6 % au début du processus d'harmonisation en 1998.
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Deux ans plus tard, la part de marché de cette marque avait chuté à 12,9%. Les salaires avaient subi une compression initiale de leurs différents niveaux, mais avaient ensuite été rétablis grâce à une augmentation progressive du SMIC. Cela avait créé un effet d'accordéon.
La situation actuelle peut être comparée au premier mouvement d'un accordéon, qui est celui de la compression. Il est probable que le nombre de travailleurs qui bénéficieront de la hausse du salaire minimum intervenue le 1er janvier 2024 sera similaire à celui de l'année précédente.
Cependant, le mouvement de compression arrive bientôt à sa fin, et maintenant la question est de savoir dans quelle mesure le deuxième mouvement de l'accordéon se produira réellement, et dans quelle mesure il sera important.
Une récente étude de l'Insee apporte des informations intéressantes sur ce sujet. En analysant les données individuelles des salariés et en tenant compte de leur évolution professionnelle, cette étude montre que de 2002 à 2019, le salaire horaire médian a augmenté de 53 %, tandis que le SMIC ne gagnait que 47 %. De plus, les salaires faisant partie des 10 % les mieux rémunérés ont augmenté de 44 %.
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Les employés qui gagnent un peu plus que le salaire minimum et jusqu'au cinquième décile ont donc vu leurs revenus augmenter plus rapidement que le salaire minimum. En revanche, les salaires horaires les plus élevés n'ont pas connu cette augmentation. L'observateur du marché du travail aurait pu craindre une baisse des salaires vers le niveau du salaire minimum au milieu des années 2000, mais cela ne s'est pas produit, au contraire.
Il est intéressant de noter comment le risque de devenir smicard a été limité. Il ne s'agit pas tant d'un processus interne à l'entreprise, mais plutôt d'une réaffectation des emplois entre les entreprises, en fonction des compétences recherchées.
Les disparités salariales entre les entreprises sont mises en avant dans une étude de l'Insee. En effet, si les écarts de rémunération au sein d'une même entreprise se sont réduits, ils se sont en revanche accentués entre les différentes entreprises. Selon l'Insee, en 2002, les inégalités de salaire horaire entre les entreprises expliquaient 47,1 % des disparités salariales, tandis qu'en 2019, elles en expliquent 53,3 %.
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Ce phénomène illustre la tendance des travailleurs à se tourner vers les entreprises les plus performantes et mieux rémunérées. C'est grâce à ce mécanisme que les situations où les salariés restent coincés au niveau du salaire minimum ont pu être évitées pour l'ensemble de la population.
Cependant, cela ne s'applique pas nécessairement aux individus dont les compétences ou les traits personnels ne leur permettaient pas de changer d'entreprise.
Alors que de plus en plus de salariés en CDI démissionnent ou font l'objet d'une rupture conventionnelle de leur contrat -3% au cours de chaque trimestre de l'année 2023, alors que la moyenne sur le long terme est de 2,1% par trimestre-, il est crucial de favoriser la mobilité pour éviter que l'ensemble de la population active ne tombe dans la précarité.
Denis Ferrandest occupe le poste de directeur général chez Rexecode.
Personne: Denis Ferrand
Quels sont les éléments clés pour s'adapter à un environnement complexe ?
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