L'embellissement de la laideur
En observant de près la laideur de onze individus dans un essai intitulé "En l'honneur des personnes peu attrayantes", Pierre-Louis Lensel met en avant le rôle crucial de l'apparence physique dans les parcours historiques.
Écrit par Sabine DELANGLADE
Le chanteur allemand Klaus Nomi a utilisé sa laideur pour mettre en valeur son art, tandis que Danton a utilisé la sienne pour sa carrière politique. Manon Roland, révolutionnaire, a décrit la laideur de Danton comme étant repoussante et atroce. Malgré cela, Danton a demandé au bourreau de montrer son visage au peuple avant de mourir à la guillotine en avril 1794. L'historien Pierre-Louis Lensel a écrit un livre sur la laideur de onze personnages, sans minimiser son importance dans l'histoire. Il se demande si des personnalités comme Toulouse-Lautrec auraient eu la même carrière s'ils avaient été beaux, ou si Madame Palatine aurait agi de la même manière si elle avait été belle. La vie n'est pas un conte de fées.
Madame Palatine, l'épouse de Philippe d'Orléans et sœur de Louis XIV, était connue pour son mélange d'orgueil princier et de vulnérabilité, ainsi que pour son caractère fort et son activité d'épistolière indiscrète. Malgré son apparence de plus en plus disgracieuse due à la variole, elle assumait avec pragmatisme, dureté et humour ses défauts physiques, décrivant de manière humoristique sa "jolie figure" qui comprenait une taille monstrueuse, une peau tachetée, des rides, un nez de travers et des dents abîmées.
Le poète Alfred de Vigny décrivait le célèbre critique Sainte-Beuve comme un petit homme laid avec une figure ordinaire, un dos voûté et des grimaces obséquieuses, le comparant à un crapaud empoisonnant les eaux où il nageait. Victor Hugo le surnommait "Sainte Bave" et lui dédia un vers magnifique : "On devine la toile en voyant l'araignée". Il est vrai que Charles-Augustin avait une apparence peu attrayante lorsqu'il devint l'amant d'Adèle, la femme de Victor Hugo. C'est vraiment regrettable !
Albert Jugon, une figure importante parmi les victimes défigurées de la Première Guerre mondiale. En 1921, il a été l'un des fondateurs de 'L'Union des blessés de la face' et est devenu une figure emblématique de cette cause. Il a continué à aider ces blessés sans relâche, même après la guerre. Malheureusement, à partir de 1939, il a dû affronter de nouvelles victimes et continuer son œuvre de soutien. Albert a survécu pendant près de cinquante ans malgré les graves séquelles sur son visage, qu'il a transformé en une véritable fierté. À l'âge de 23 ans, il a enduré des souffrances indicibles : "Le pauvre garçon avait perdu la moitié de son visage et une partie de sa gorge, allant du nez jusqu'à la poitrine", comme l'a décrit le R.P. Lenoir. Malgré ses blessures, il a même voulu recevoir la communion, mais son état physique rendait cela impossible.
Livre louant la beauté des personnes considérées comme peu attirantes
écrit par Pierre-Louis Lensel. Publié par les Editions Perrin, ce livre compte 288 pages
Le nom de Sabine Delanglade
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