Aux États-Unis, l'inflation a été maîtrisée sans causer de dommages à l'emploi et à la croissance, ce qui est une double surprise positive. Cependant, selon Vincent Pons, cette situation aura des implications significatives pour les politiques futures.
Par Vincent Pons, un enseignant en économie à la Harvard Business School.
Aux États-Unis, le taux d'inflation a baissé à environ 2 %, mettant fin à une période exceptionnelle qui avait débuté en 2021. À l'époque, deux théories étaient en opposition. Selon certains experts économiques, tels que le lauréat du prix Nobel Paul Krugman, l'augmentation des prix était due aux perturbations causées par la pandémie de Covid-19.
Les ménages ont diminué leurs sorties et leur consommation de services par crainte pour leur santé, préférant acheter des biens matériels à la place. Cependant, les fermetures temporaires de villes et de ports, ainsi que la perturbation des chaînes d'approvisionnement, ont entraîné une réduction de l'offre disponible. Krugman estime que ces problèmes se résoudront d'eux-mêmes une fois que la pandémie sera sous contrôle.
Selon Larry Summers, qui a occupé le poste de secrétaire au Trésor, la raison de l'inflation est le niveau élevé de la demande. Les plans de relance importants mis en place par Donald Trump, puis Joe Biden, ont conduit à une augmentation de la consommation des ménages. Summers prédit que pour ramener l'inflation à 2 %, il faudra adopter une politique monétaire restrictive et faire face à plusieurs années de chômage élevé.
Une double surprise
Dans un premier temps, les faits semblent confirmer son point de vue: l'inflation ne cesse d'augmenter, atteignant des niveaux sans précédent depuis les années 1980, et elle se propage progressivement à tous les secteurs de l'économie. La Réserve fédérale augmente son taux directeur de 0 à 5,25% entre mars 2022 et juillet 2023, dans l'espoir d'encourager l'épargne des ménages, de freiner les investissements des entreprises et ainsi de stopper la hausse des prix.
Il est également intéressant de noter que l'économie américaine continue de se développer, atteignant près de 5 % de croissance, ce qui est une surprise inattendue.
Aujourd'hui, il y a une double surprise : l'inflation a été vaincue plus rapidement que prévu par Summers, et surtout, elle n'a quasiment pas causé de dommages à l'ennemi. Le taux de chômage est resté inférieur à 4 %, la participation sur le marché du travail est à son plus haut niveau historique, et les États-Unis connaissent une croissance de plus de 3 %.
En somme, il semble que le danger d'une récession soit écarté et que la théorie de Krugman soit confirmée : si la diminution de l'inflation ne provient pas d'une baisse de la demande, cela signifie que la résolution de l'impact de l'offre causé par la pandémie en est la principale cause.
De nombreux marchés financiers accueillent favorablement la réduction de l'inflation aux États-Unis.
On peut renforcer cette idée en la comparant à la situation en Europe, où la hausse des prix de l'énergie suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie a remplacé la pandémie et continue de perturber l'offre. Cela explique pourquoi le taux d'inflation y est plus élevé.
La succession a des conséquences significatives pour les politiques à venir.
À long terme, elle met en évidence l'importance des perturbations de l'offre provoquées par des conflits, des pandémies et d'autres événements internationaux. Les méthodes classiques de politique monétaire et fiscale sont peu efficaces pour atténuer ces perturbations, car elles agissent principalement sur la demande.
Afin de diminuer le nombre de ces événements et l'importance des variations économiques qui y sont liées, il sera nécessaire de favoriser d'autres approches, comme une coopération internationale renforcée dans les domaines de la santé et de la politique étrangère, ou l'élargissement des partenaires commerciaux.
C'est une bonne nouvelle pour Biden que les taux de chômage et d'inflation soient bas pour le moment. L'indice de détresse, qui est la somme de ces deux indicateurs et a été créé par Arthur Okun, est depuis longtemps un bon indicateur de la satisfaction des ménages.
De plus,
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