Selon Pascal Perri, il est nécessaire de réduire l'intervention de l'État dans l'agriculture française. En effet, la France adopte des lois pour soutenir ce secteur, mais elle n'est pas capable de les faire respecter auprès des agriculteurs, ce qui est regrettable.
Par Pascal Perri (expert en économie et géographie, contributeur pour le journal "Les Echos")
« Un par un, ils quittent leur pays pour partir gagner leur vie, loin de leur terre natale. » En 1964, dans sa chanson « La Montagne », Jean Ferrat alertait déjà sur la situation précaire de l'agriculture traditionnelle. Les récentes révoltes paysannes de ce début d'année 2024 marquent un nouveau tournant dans l'histoire de notre agriculture.
En raison de la mondialisation, les produits agricoles des grandes régions sont échangés à travers le monde. Malheureusement, notre agriculture, qui est plus respectueuse de l'environnement que les autres, est injustement attaquée en raison de l'application excessive des normes, alors même que la France cherche à garantir sa souveraineté alimentaire.
Cependant, derrière les objectifs, se trouvent des individus qui créent, dans un monde qui a vieilli, accablé par les exigences de production et confronté à une concurrence intense.
Une accumulation de frustrations et de déceptions, accumulées depuis au moins quinze ans, est exprimée pour demander un arrêt. En effet, qui accepterait de travailler soixante heures par semaine, de s'endetter pour toute une vie, sans vacances et avec peu de temps libre ? Les agriculteurs paient le prix du modèle français. Ils sont en train d'être progressivement nationalisés.
Les agriculteurs ordinaires sont-ils de simples exécutants ?
L'administration leur impose des normes de production qui sont un reflet de la tendance bien française de la gouvernance verticale. C'est l'Etat et ses nombreuses règles qui contrôlent l'agriculture en France. Les agriculteurs sont perçus comme de simples exécutants et rarement comme des chefs d'entreprise, même si c'est pourtant ce qu'ils sont.
Aussi, il est intéressant de se pencher sur le sujet de l'agriculture liée à la production de pom
Opinion : Réduisons le nombre de normes de manière significative
Cependant, est-ce que le chef est compétent ? Comment peut-on expliquer, par exemple, le retard de plusieurs mois dans le versement de certaines aides de la politique agricole commune (PAC). Un agriculteur qui se trouve en difficulté financière témoigne : "On nous dit que c'est à cause d'une défaillance du logiciel de paiement."
Cependant, l'argent est bien disponible. Il est arrivé à Bruxelles dans les délais prévus, mais il tarde à être distribué à ceux qui en bénéficient. Pendant ce temps, quelqu'un d'autre explique qu'il a installé des abris pour ses volailles. Bien qu'ils soient autorisés pour les volailles destinées à la consommation, ils ne le sont pas pour les poules pondeuses ! En coulisses, on affirme à Matignon que "les employés du ministère de l'Agriculture sont nos adversaires" !
La fermeture des frontières aurait des conséquences dévastatrices
Poussé par son engagement en faveur de l'environnement, le législateur a adopté ces dernières années des mesures qui se révèlent impossibles à mettre en œuvre. Peu importe ! L'objectif était de montrer une image respectueuse de l'environnement. La France adopte des lois, mais quand il s'agit des agriculteurs, elle est incapable de faire respecter celles qui ont déjà été votées et promulguées. L'opinion publique découvre avec stupeur que le principe fondamental des lois Egalim est ignoré ou contourné au mieux.
Au départ, l'idée principale était de baser le prix final sur le coût de production. Cela paraît logique si l'on souhaite préserver nos industries de production. Ces industries doivent respecter strictement les règles de protection des consommateurs.
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La crise agricole et le libre-échange, un procès injustifié.
Dans les discussions actuelles, certaines personnes cherchent à accuser uniquement le libre-échange. Cependant, elles oublient que notre commerce extérieur alimentaire reste excédentaire, même après la signature d'accords avec le Canada et certains pays d'Amérique du Sud.
Si les frontières étaient fermées à la fois dans les deux sens, cela causerait des dommages considérables à une grande partie de nos industries. Ce serait une mauvaise solution à une question importante. Au lieu de blâmer Bruxelles ou d'autres personnes, nous devrions nous regarder nous-mêmes.
Les politiques publiques sont maintenant influencées par des préjugés idéologiques dans nos régions. Ces préjugés ont déjà causé la disparition de notre industrie. Georges Pompidou avait déjà prédit cela en 1966 en disant qu'il fallait libérer notre pays. Il est temps d'assumer notre agriculture, car elle le mérite.
Pascal Perri exerce les métiers d'économiste et de géographe.
Pascal Perri est un
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