Selon Pierre Cahuc, pendant la période de désindustrialisation dans de nombreuses villes du monde, le nombre de diplômés d'études supérieures est devenu un élément clé pour favoriser la création d'emplois.
Écrit par un enseignant d'économie de l'école Science Po, Pierre Cahuc.
Depuis 2017, la France met en place de nombreux programmes visant à redynamiser son industrie. Elle investit dans les zones industrielles pour les revitaliser, soutient l'innovation et le développement industriel dans des secteurs clés tels que les technologies vertes, la santé et l'énergie, accompagne les PME et les entreprises de taille intermédiaire dans leurs exportations, et favorise les transitions vers une réindustrialisation durable.
Le mois dernier, le chef de l'État a rassemblé les personnes impliquées dans l'industrie française au palais de l'Élysée afin de discuter de la manière d'accélérer la reprise de l'industrie.
Le secteur manufacturier a connu un déclin dans tous les pays développés au cours des dernières décennies. Étant donné que la production manufacturière est concentrée géographiquement, les régions qui étaient les plus industrialisées au début de ce déclin, comme la Lorraine, les Hauts-de-France ou l'Alsace, ont été particulièrement touchées. Elles continuent de faire face aux conséquences de ce déclin.
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La Rust Belt, qui se situe aux États-Unis, le nord de l'Angleterre et la vallée de la Ruhr en Allemagne, connaissent un déclin depuis de nombreuses années. Des anciens pôles industriels tels que Detroit aux États-Unis, Liverpool au Royaume-Uni et Duisbourg en Allemagne sont désormais des symboles de la désindustrialisation. Malgré les efforts financiers considérables déployés pour soutenir ces régions, le déclin persiste.
Explication du processus de désindustrialisation
Un récent travail de recherche mené par Luisa Gagliardi, Enrico Moretti et Michel Serafinelli* apporte un nouvel éclairage sur le processus de désindustrialisation et les mesures à prendre pour y remédier. Leur analyse de l'évolution de l'emploi dans 1993 villes situées en France, en Allemagne, en Italie, au Japon, au Royaume-Uni et aux États-Unis démontre que certaines régions qui étaient fortement industrialisées dans les années 1970-1980 réussissent mieux que d'autres.
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Effectivement, il y a eu une diminution de l'emploi en moyenne dans les zones urbaines les plus industrialisées pendant les années 1970-1980, malgré les tentatives des autorités publiques. Cependant, dans un tiers de ces villes, l'emploi a augmenté à un rythme plus élevé que dans le reste du pays depuis le début de la désindustrialisation.
Cependant, les villes qui ont connu le plus de création d'emplois n'en ont pas créé plus que les autres pendant la période de prospérité de l'industrie. Leur performance la plus remarquable lors de la désindustrialisation est due à leur plus grande proportion de personnes diplômées de l'enseignement supérieur. Une augmentation de 1 % du nombre de travailleurs diplômés de l'enseignement supérieur au début de la désindustrialisation se traduit ensuite par une croissance supplémentaire de près de 3 % de l'emploi chaque décennie.
La différence provient d'un changement dans le type d'emplois disponibles. Pendant la période où l'emploi dans le secteur manufacturier était en expansion, le niveau d'études supérieures des individus n'était pas un facteur clé de la croissance de l'emploi, car les usines de cette époque n'avaient pas besoin d'une main-d'œuvre hautement qualifiée de manière intensive.
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Cependant, durant la période de déclin de l'industrie, le nombre de personnes ayant obtenu un diplôme d'études supérieures est devenu un facteur crucial pour la croissance de l'emploi. Dans les villes où il y avait initialement un pourcentage élevé de diplômés de l'enseignement supérieur, la perte d'emplois dans le secteur manufacturier a été largement compensée par des créations d'emplois dans d'autres secteurs, car les compétences des diplômés de l'enseignement supérieur sont devenues particulièrement attractives pour les employeurs de tous secteurs.
Finalement, il semble qu'aujourd'hui, la meilleure façon de générer des emplois bien payés, même en dehors de l'industrie, soit de favoriser le développement de l'enseignement supérieur. Cela est un résultat intéressant à prendre en considération.
Pierre Cahuc exerce en tant que professeur d'économie à Sciences Po.
Le document "Les Ceintures de rouille du monde: Les effets hétérogènes de la désindustrialisation sur 1 993 villes dans six pays", rédigé par Luisa Gagliardi, Enrico Moretti et Michel Serafinelli, est disponible en tant que document de discussion IZA avec le numéro 16 648.
Pierre Cahuc
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