Selon une étude, environ un tiers des personnes qui prennent soin de leurs proches en situation de perte d'autonomie sont contraintes de démissionner de leur emploi ou de travailler à temps partiel. Ces aidants doivent souvent assumer cette responsabilité au quotidien, ce qui impacte leur vie professionnelle.
Rédigé par Sarah D
En France, environ 5 millions de travailleurs sont également des aidants, ce qui signifie qu'ils prennent soin de leurs proches dépendants. Cela représente 20% de la population active française, un chiffre significatif. Cependant, les employeurs ne reconnaissent pas toujours cette responsabilité à sa juste valeur et un tiers des aidants sans emploi estiment avoir été obligés de démissionner pour assumer ce rôle, selon une étude publiée mardi intitulée "Aider & Travailler 2023".
Selon Gabrielle Guèye, fondatrice d'Interfacia, une entreprise spécialisée dans l'accompagnement des employeurs dans la mise en place d'une politique d'aide, il est de plus en plus important que les employeurs abordent la question de l'aide aux personnes dépendantes. Les statistiques montrent qu'ils représenteront 25% de la population en 2030. Il est donc nécessaire de considérer ce sujet non plus comme étant individuel et isolé, mais comme un enjeu de société. Cette déclaration a été faite dans le cadre d'une enquête.
Il n'est pas surprenant que les deux tiers (66%) des employés aidants estiment que cela a un effet négatif sur leur travail. Cependant, cette charge pèse également sur leurs conjoints, car quatre aidants sur dix estiment que cela a également un impact négatif sur la vie professionnelle de leurs compagnons. L'étude remarque cependant que la situation s'est améliorée par rapport au précédent sondage, où 78% des aidants ont constaté cet impact négatif. Les auteurs de l'étude, réalisée par cinq entreprises spécialisées dans l'aide ou les ressources humaines, soulignent que la mise en place de solutions adaptées et du télétravail a permis d'alléger leur quotidien, bien qu'il reste encore des solutions à trouver pour les deux tiers d'entre eux.
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Ces employés qui fournissent de l'aide ne dissimulent pas leur situation. Par conséquent, 75 % d'entre eux en discutent sur leur lieu de travail, principalement avec leurs collègues (62 %), mais aussi avec leur supérieur hiérarchique (52 %) ou directement avec le responsable des ressources humaines (31 %). De leur côté, plus de 60 % des responsables des ressources humaines déclarent avoir mis en œuvre des mesures pour soutenir ces employés.
Perte d'emploi ou travail à temps partiel
Cependant, il convient de nuancer ce résultat car près de la moitié des personnes interrogées (59 %) affirment que ce sujet n'est pas abordé dans le dialogue social. Les auteurs de l'étude tirent la sonnette d'alarme en soulignant que les employeurs accordent peu d'importance, une mauvaise importance ou une importance difficilement accordée à l'aide apportée aux aidants. En effet, un tiers des responsables des ressources humaines (33 %) ignorent que 20 % des salariés en France sont des aidants, et les deux tiers (63 %) ne sont pas conscients que l'aide apportée aux aidants impacte 30 % de l'ensemble des effectifs.
En outre, il est également recommandé de mettre en place un réseau de tiers-aidants pour faire face à la dépendance.
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Le manque de reconnaissance envers les aidants conduit certains d'entre eux à abandonner leur emploi. Un tiers des aidants au chômage estiment avoir été obligés de démissionner afin de s'occuper d'un proche. Parmi les aidants qui continuent à travailler, 26% d'entre eux ont un emploi à temps partiel, une situation qu'ils subissent selon la majorité des personnes interrogées (69%). De plus, cette situation constitue un obstacle pour près de la moitié des aidants qui aimeraient retrouver un emploi (48%).
Les auteurs de l'étude craignent que ces difficultés ne conduisent à une précarisation des aidants. De plus, un tiers d'entre eux dépensent entre 500 et 1.000 euros pour la personne qu'ils aident. Christine Lamidel, directrice générale de Tilia, une start-up qui accompagne les aidants, estime que le maintien des salariés aidants dans leur emploi est un enjeu crucial. Elle plaide pour la mise en place de mesures concrètes afin de faciliter la vie quotidienne des salariés aidants.
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