La crise dans le secteur agricole et les débats sur le libre-échange sont souvent mis en avant, mais l'accord Mercosur est maintenant présenté comme un nouvel obstacle, même si les traités précédents ont apporté des avantages à ce secteur. Cependant, le vrai souci réside dans le manque de compétitivité de l'agriculture française.
Par moi, Étienne Lefebvre
L'accord Mercosur est souvent utilisé comme bouc émissaire. Après l'augmentation du prix du gazole et les réglementations concernant les haies, il est devenu le symbole de peur utilisé par certains agriculteurs. Le gouvernement lui aussi l'utilise en affirmant que si la France n'avait pas opposé son veto, l'accord aurait déjà été signé par l'UE.
Les accords commerciaux sont souvent blâmés pour les problèmes rencontrés par l'agriculture française, qui serait cette fois-ci en danger à cause de l'arrivée massive de viande bovine et de poulet en provenance du Brésil. Dans cette situation, la Commission européenne est critiquée pour sacrifier les intérêts agricoles afin de favoriser la vente de voitures allemandes.
La situation est en réalité un peu plus compliquée. Heureusement, elle est plus favorable à l'agriculture européenne, qui a bénéficié d'une forte augmentation de son excédent commercial grâce aux accords précédents. Contrairement aux craintes, il n'y a pas eu une arrivée massive de viande bovine canadienne après l'accord Ceta. En revanche, les ventes de fromages et de vins français ont considérablement augmenté aux États-Unis. Cela est dû à la suppression des barrières douanières, ce qui a permis aux Européens de gagner en compétitivité tout en protégeant leurs appellations d'origine.
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Les récents accords conclus avec des pays tels que la Nouvelle-Zélande, le Chili et le Vietnam n'ont pas non plus menacé les secteurs agricoles. De plus, ces accords incluent désormais des clauses sociales et environnementales essentielles pour assurer une concurrence équitable entre les producteurs et prendre en compte l'urgence climatique. C'est d'ailleurs la question des garanties environnementales qui continue, à juste titre, de bloquer l'accord Mercosur aujourd'hui.
Nous devons faire face à une perte de compétitivité par rapport à nos voisins. C'est pourquoi l'Union européenne doit rester exigeante tout en continuant à promouvoir le libre-échange. Cela nous permettra de renforcer nos normes mondiales, de rivaliser avec les États-Unis et la Chine, et d'accéder à des ressources précieuses comme le lithium chilien. Dans le secteur agricole français, de nombreux acteurs ont également intérêt à ces accords, même s'ils ne sont pas toujours entendus.
Le principal souci de l'industrie agricole française est son manque de compétitivité, qui se manifeste par une évolution défavorable des échanges avec les autres pays européens qui sont soumis aux mêmes règles et accords. Pour ce qui est du risque d'importations massives en provenance de pays en dehors de l'Union européenne, des mesures de sauvegarde sont mises en place pour limiter le dépassement des quotas.
Le manque de mesures de protection a créé des problèmes lors de l'ouverture aux produits ukrainiens en 2022, une décision prise précipitamment. Cela a perturbé certains marchés, notamment le poulet et le sucre, et a provoqué de la colère. Les Européens sont en train de rectifier cette erreur, mais cela devra être accompagné d'un soutien financier et militaire plus important à Kiev.
Etienne Lefebvre est le nom d
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